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Chapitre V. Lois pour s'en aller ou pour rester.

Conditions requises pour s'en aller.

TOUTES les fois qu'on obtient le trou par l'effet requises pour de son propre dé on peut s'en aller, soit qu'on marque réellement ce trou, soit qu'on oublie de le marquer; mais on ne peut s'en aller si ce trou est acquis par le dé de l'adversaire. (Voyez l'exception )

La parole est obligatoire pour s'en aller ou pour rester.

Quand on dit je m'en vais, on ne peut plus rester; quand on dit je reste, on ne peut plus s'en aller. Dans ces cas la parole est obligatoire.

D'après l'usage il y en a deux autres où la parole équivaut aussi à un acte positif, savoir : l'avertissement qu'on ne marque pas les points que l'on gagne, lorsque, par le même coup, on donne le trou à l'adversaire, et le mot je romps, qui équivaut à l'action de rompre réellement le coup de "dés de l'adversaire au moment où il les jette.

Il serait convenable que, lorsqu'on s'en va, la règle obligeât de dire je m'en vais avant de toucher à ses dames; mais l'usage contraire a tellement prévalu, qu'on ne peut à cet égard élever aucune difficulté. Cependant cet usage offre des inconvénients, et un moyen de couvrir astucieusement de grandes fautes. Par exemple, un joueur ayant, parce qu'il remplit, le trou et rien de reste, touche et lève, par erreur, une dame autre que celle avec laquelle il doit remplir; s'il s'en aperçoit, ce qui arrive presque toujours avant d'avoir posé cette dame, il échappe à l'école et aux suites funestes de sa faute en rompant son jeu pour s'en aller, parce que le trou qu'il a pris lui en donne le droit. Il en serait de même si, ayant huit points et oubliant, en prenant le trou, de les démarquer, il s'en apercevait au moment où il prend ses dames pour remplir, parce que, pour se soustraire à l'école des huit points qu'il aurait encourue, il mettrait ses dames à la pile pour s'en aller.

On ne peut s'en aller lorsqu'on a marqué les points qu'on a de reste.

Quand on prend un trou, et qu'on a outre ce trou des points de reste, si on les marque, on n'a plus le droit de s'en aller.

On peut dé poser les jetons à la bande pendant qu'on délibère.

Celui qui a un trou et des points de reste peut déplacer les jetons, et les déposer à la bande où on les place ordinairement, pendant qu'il délibère sur le parti qu'il prendra, sans que ce dépôt puisse préjudicier aucunement à son droit d'option de s'en aller ou de rester.

Peine qu'encourt celui qui, croyant avoir le trou, et ne l'ayant pas, rompt son jeu pour s'en aller.

Celui qui croit avoir un trou qu'il n'a pas, et qui, après l'avoir marqué, rompt son jeu pour s'en aller, fait école des points qui lui manquent pour marquer le trou; et il peut être forcé de jouer, au choix de son adversaire; celles des dames qu'il a touchées en rompant son jeu. Ainsi, par exemple, un joueur qui a déjà six points en gagne quatre en amenant un point par lequel il peut remplir ou conserver son plein; mais par inadvertance il marque le trou et rompt son jeu pour s'en aller, l'adversaire alors a non seulement le droit de marquer l'école des points qui manquent pour compléter le trou, mais il a aussi celui d'obliger à jouer les dames qui ont été touchées et enlevées par le joueur en rompant son jeu, lorsqu'il y a possibilité de les jouer. Il a même l'option de faire jouer celles de ces dames touchées qui conviennent le mieux à son intérêt; d'où il arrive souvent que le joueur qui avait réellement la faculté ou de remplir ou de conserver, s'en trouve privé par cette obligation que lui impose l'adversaire; et dans ce cas on ajoute à l'école des points qui avaient été marqués de trop, celle des points marqués pour remplir ou con server.

Ce qui arrive lorsqu'un joueur, pouvant s'en aller, a marqué plus ou moins de trous qu'il n'en gagne.

Si un joueur ayant déjà dix points amène un coup qui lui en donne douze, mais que, par erreur, croyant en gagner quatorze, il marque trois trous et rompt son jeu pour s'en aller, l'adversaire a le droit de l'obliger à rester, de le remettre à dix points en lui faisant effacer deux trous, et de marquer l'école de deux points. Si l'erreur avait lieu en sens contraire, c'est-à-dire si le joueur qui a amené un coup par lequel il gagne réellement trois trous, croyant n'avoir que vingt-deux points, se contente de marquer un trou et s'en va, on ne peut le forcer à rester et le soumettre à la peine de l'école; il perd seulement les deux trous qu'il a omis de marquer, dont il est réputé avoir fait abandon, et cet abandon ne peut ni ne doit le priver de la faculté de s'en aller.

La différence que la règle établit, dans ce cas, entre l'école par moins et l'école par trop, et la rigueur qu'elle prescrit contre la dernière, nous paraissent justes et nécessaires. Le bénéfice qu'une école par trop peut donner à celui qui la fait, si elle n'est pas reconnue, et le préjudice qu'elle porte à l'adversaire, ne permettent pas de la laisser impunie. Des joueurs de mauvaise foi se livreraient trop fréquemment à cette tentative, si le succès n'était balancé par aucun danger. C'est afin de prévenir un tel abus que la règle doit se montrer sévère, et déterminer une peine dont la rigueur empêche de se livrer à de pareilles spéculations. Dans l'école par moins au contraire, celui qui la fait ne porte préjudice qu'à lui-même, et ce préjudice même devient utile à son adversaire. Il ne serait donc pas juste d'ajouter à la perte de deux trous que lui fait éprouver son erreur, la punition d'être privé de la faculté de s'en aller.

Celui qui, au jan de retour, prend le trou par le droit de sortie des dames, peut s'en aller.

À la sortie des dames au jan de retour, celui qui lève ses deux dernières, et qui obtient le trou par les points attribués à cette chance, a le droit de s'en aller; et ce droit peut lui être utile, surtout à la partie à écrire, lorsque ce trou lui donne le marqué; parce qu'alors, en s'en allant, il termine ce marqué, lequel continuerait, s'il n'annonçait pas qu'il s'en va, avant de jeter son dé pour recommencer le marqué suivant.