AVERTISSEMENT SUR CETTE SECONDE ÉDITION.
Le succès qu'a obtenu la première édition de ce traité, l'approbation que lui ont donnée les amateurs les plus éclairés, les éloges qu'en ont fait plusieurs journaux, et spécialement celui des Débats du 24 janvier 1817, ont fortifié notre zèle, et nous ont encouragés à donner à cet ouvrage le degré de perfection dont il pouvait être encore susceptible. Loin de nous abandonner aux prestiges d'un amour-propre satisfait, nous avons recherché ce qui pouvait se trouver de défectueux dans la première édition. Nous avons consulté les connaisseurs les plus expérimentés; nous avons recueilli leurs observations et leurs avis; nous nous sommes empressés d'en profiter : c'est le fruit de ce travail que nous offrons dans cette seconde édition.
Les principes et la théorie, ainsi que calculs qui forment la base de cette théorie, n'ont éprouvé aucun changement; ils sont les mêmes, parce qu'ils sont invariables comme la vérité dont ils émanent.
Plusieurs préceptes nous ayant paru exposés d'une manière incomplète ou trop concise pour être facilement saisis par des joueurs encore inexpérimentés, nous y avons ajouté les détails et les développements que nous avons crus nécessaires pour les mettre à portée des amateurs à l'instruction desquels ils sont destinés.
Nous avons fait quelques corrections dans la rédaction. Nous pensons que dans un ouvrage élémentaire, et dont la matière est par sa nature très abstraite, la clarté du style est surtout essentielle. On ne peut mettre trop de soin et d'exactitude pour éviter toute expression ambiguë, toute phrase obscure, qui, en présentant un sens équivoque, pourraient donner lieu à de fausses interprétations, à des erreurs nous nous sommes appliqués à faire disparaître, dans la rédaction, tout ce qui nous a paru mériter à cet égard quelque reproche.
Dans l'examen auquel nous nous sommes livrés, le chapitre des règles a principalement fixé notre attention. De nouveaux incidents, presque impossibles à prévoir, font naître à chaque instant de nouvelles difficultés, et donnent lieu à de fréquents débats, où l'intérêt personnel se trouve souvent en opposition avec la justice et la raison; on ne peut donc apporter une trop sérieuse application pour éviter toute erreur qui pourrait devenir une source de contestations. Pénétrés de cette vérité, et ne voulant pas nous en rapporter uniquement à notre jugement, nous avons, dans les cas difficiles, consulté des personnes dont les lumières bien reconnues sur cette matière font autorité. Leurs sages observations nous ont fait reconnaître la nécessité d'ajouter à plusieurs de nos décisions des développements et des motifs capables de dissiper tous les doutes.
Telles sont entre autres les règles intitulées: Jouer avec quatorze dames : Avertissement qu'on ne marque pas : Ce qui arrive lorsqu'un joueur, pouvant s'en aller, a marqué plus de trous qu'il n'a droit d'en marquer : etc.
Nous avons cru devoir spécialement soumettre à l'examen de ces connaisseurs les règles que nous avons établies sur des questions non encore prévues, et dont la solution par conséquent n'a pu être jusqu'à ce jour appuyée sur aucune autorité, ni sur un usage constant. De ce nombre sont celles qui ont pour titre : Points effacés par joueur qui croit gagner le trou: Jouer avec seize dames: Dame introduite dans un jan où le plein est encore possible: etc. Dans ces cas difficiles et nouveaux, on ne peut appuyer ses décisions que sur une juste application des principes qui y sont analogues: c'est ce que nous avons fait. Aussi avons-nous vu avec satisfaction que ces connaisseurs n'ont pas hésité à autoriser ces règles de leurs suffrages.
Nous avons vu avec la même satisfaction, que les autres règles établies dans la première édition étaient accueillies, adoptées, et faisaient autorité dans les meilleures sociétés 1.
Ce que cette première édition nous a paru offrir encore de défectueux, c'est une certaine confusion dans la distribution des matières qui composent ce traité. Plusieurs parties nous ont semblé ne pas occuper la place qui convient aux objets qui y sont exposés, ce qui a rendu leur déplacement nécessaire.
Quelques personnes ont regardé comme un inconvénient l'interposition des tables et séries de calculs disséminées dans les différents chapitres, et qui, mêlées avec le texte, interrompaient la suite des instructions; nous avons cru devoir y remédier. Des amateurs qui désirent réunir tous les moyens de conviction, pourraient peut-être croire qu'il eût été plus naturel de laisser ces tables annexées comme exemple à chaque démonstration; mais le plus grand nombre des joueurs se trouvent suffisamment persuadés par une démonstration claire et précise: ils répugnent à s'appesantir sur l'examen d'une table de chiffres, qui ne leur présente que le complément de cette démonstration que leur intelligence a déjà saisie et qui suffit à leur conviction. Pour condescendre à cette répugnance des uns, sans pourtant préjudicier à la satisfaction des autres, et en même temps pour faire disparaître l'espèce de confusion que cette interposition répandait dans le corps de l'ouvrage, nous avons réuni ces différentes tables dans un dernier chapitre. Pour l'utilité de ceux qui voudront les consulter, nous les avons numérotées, et nous avons indiqué, par des renvois, leurs numéros dans chacun des chapitres où sont traitées les matières auxquelles elles sont relatives.
Nous n'avons rien négligé pour rendre ce traité utile et agréable aux amateurs : c'est avec la plus grande confiance que nous le leur présentons.
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Depuis notre première édition il a paru un petit volume in-12, intitulé Cours complet du Trictrac, dont l'auteur qui s'est désigné sous la qualification de vieil hermite du Morbihan, a employé, en en changeant seulement la forme, une grande partie de nos calculs, et il prétend les avoir fait connaître le premier. La date de l'impression des deux ouvrages suffira pour constater à qui appartient cette priorité. Du reste nous n'avons rien trouvé dans le sien qui ait pu nous donner seulement l'idée de faire le moindre changement au nôtre. ↩