Préface
Le jeu de trictrac plaît beaucoup à tous ceux qui le savent; mais on n'aime point à l'enseigner aux autres, parce que c'est une chose longue et ennuyeuse pour le maître et l'élève. Il faut donc un livre pour l'étudier. Voulant l'apprendre, je consultai tous les ouvrages qui parlent de ce jeu, à la Bibliothèque nationale, à celle de l'Arsenal. — Le traité publié par Charpentier n'est pas sans mérite ; j'y ai emprunté plusieurs choses, entre autres le mot table, pour désigner chacune des quatre parties du tablier. Mais il est trop court. J'ai vu les éditions publiées en 1698, 1701, 1715, trois en dix-sept ans. Le Grand Trictrac (1738, 1766) est de Soumille, savant ecclésiastique, correspondant de l'Académie royale de Paris. Ce livre est fort détaillé, et j'en ai tiré plusieurs choses ; mais il est plein de fautes. Guiton l'a critiqué très sévèrement, tout en lui prenant beaucoup de questions difficiles et d'expressions nouvelles. Guiton critique aussi le Jeu de Trictrac (1776, chez Nyon), par Fallavel.
Le dix-neuvième siècle n'a produit que deux traités sur ce jeu : le second de ces ouvrages, Cours complet de Trictrac (1818, 120 pages in-12), est de Lepeintre des Roches, qui note les marqués sur un papier et avec des jetons; le premier, Traité complet du jeu de Trictrac ( in-8", 1816, 1822 ), est de Guiton. Ce livre est bien meilleur que l'autre. Composé par un homme qui comprenait le trictrac et le fait comprendre, il contient d'excellentes choses, et j'y ai pris ce qu'il y a de bon. Il y a plus de vingt ans, j'eus de la peine à en trouver un exemplaire. Il s'y trouve beaucoup de fautes sur l'arithmétique ; il donne souvent le même nom à des choses fort différentes. Ce livre ne pouvait servir qu'à ceux qui savaient un peu le jeu. L'auteur ne dit rien de la notation des marqués avec un papier ni du coup de rentrer en bredouille.